Dans un magnifique château vivait un roi dont la fille était
d’une si grande beauté, que tous ceux qui l’approchaient ne pouvaient se lasser
de l’admirer. Ses cheveux étaient d’or, ses yeux d’émeraude et ses dents
avaient la perfection d’une rangée de perles.
Ses pieds étaient petits, nul ne pouvait chausser ses
brodequins, et sa taille rivalisait de finesse avec celle d’une guêpe.
Ainsi faite, la princesse ne pouvait qu’éblouir.
Malheureusement elle était douée d’un orgueil considérable.
Son père décida de la marier. Il convoqua tous les princes
des pays voisins afin que la jeune fille en choisit un pour époux. Mais elle
repoussait invariablement tous les jeunes rois, trouvant à chacun un défaut
risible. Il n’était moquerie qu’elle ne se permît : l’un avait les pieds
trop longs, l’autre un ventre trop rebondi, le troisième un nez trop gros,
celui-là le dos trop rond.
La princesse, sans nul souci de politesse, leur riait au
nez, sitôt qu’ils approchaient.
L’un d’eux se vit reprocher son nez assez long et recourbé
comme un bec d’oiseau d’ proie. La princesse s’écria qu’elle ne voulait à aucun
prix épouser ce corbin. Le pauvre prince, qui aimait la princesse, en fut
profondément peiné.
Quant au roi, il fut pris de colère devant l’orgueil et la
méchanceté de sa ville et décida qu’elle épouserait le premier mendiant qui se
présenterait au palais.
A quelques jours de là, un misérable joueur de luth vint au
château pour y demander l’aumône. Le roi se le fit amener, puis mettant la main
de sa fille dans celle du pauvre homme, il dit : « Je te donne ma
fille pour épouse. Dès ce soir vous vous mettrez en route pour ta demeure.
Puisses-tu, mieux que moi, vaincre son fol orgueil. »
La princesse, éplorée, fut contrainte de quitter le jour
même le palais pour suivre son époux. Ils marchèrent longtemps, à pied, car le
mendiant ne possédait pas de cheval. La princesse, finement chaussée, se
tordait les chevilles dans chaque ornière. Ensemble, ils traversèrent de
somptueuses forêts. Emerveillée par la splendeur de ces bois, la princesse
demanda qui en était le possesseur. « Tous ces bois appartiennent au roi
Corbin », lui fut-il répondu. Aussitôt la princesse sentit poindre un
regret dans le fond de son cœur.
Son mari l’entraînait toujours et, malgré sa fatigue, elle
ne pouvait interrompre leur course car, dès qu’elle s’arrêtait, elle se faisait
rudoyer.
De larges champs de blé s’étendaient devant eux. « A
qui appartiennent ces vastes cultures ? demanda-t-elle à son compagnon.
-Tous ces champs à perte de vue sont au roi Corbin.
-Ah ! que n’ai-je épousé le roi Corbin !
s’écria-t-elle avec amertume. Toutes ces richesses seraient alors à moi !
A bout de souffle, la jeune femme se laissait traîner par
son époux qui, tout en jurant, la conduisait à travers de riches pâturages.
-Qui donc possède ces grandes prairies où vont paître des
troupeaux ?
-Jusqu’à l’horizon, tout ce que nous apercevons est le
domaine du roi Corbin.
-Ah ! Que n’ai-je épousé le roi Corbin !
s’écria-telle de nouveau en pleurant.
De lassitude, elle se laissa tomber sur une butte de terre,
d’où son époux la fit lever avec force coups de pieds, en lui faisant
comprendre qu’il ne voulait plus entendre parler du roi Corbin, et que ses
regrets étaient injurieux pour lui.
3666+
Après deux jours de marche, le joueur de luth s’arrêta au
milieu d’un bois, devant une misérable cabane. Il en ouvrit la porte et y fit
entrer la jeune princesse en déclarant : « Voici notre maison. »
La jeune fille eut beaucoup de peine à retenir ses larmes.
Sitôt entré, le bonhomme lui ordonna de préparer la soupe. Il lui fallut casser
du bois. En allumant le feu, elle brûla une mèche de ses cheveux blonds. Enfin,
quand le diner fut prêt, elle appela son époux, mais dès qu’il eut goûté,
celui-ci repoussa son assiette d’un air écœuré. La pauvre princesse n’avait
jamais de sa vie préparé de repas et tout était brûlé et trop salé.
Elle se retira dans un coin de la chaumière et se mit à
verser des larmes amères. Puis, lasse d’un si long voyage, elle s’endormit.
A l’aube, son mari la quitta après lui avoir ordonné de
vaquer aux soins du ménage. Sans répit, tout le jour, elle se mit à la tâche,
et, la nuit, quand le joueur de luth rentrait au logis, il trouvait le souper
cuit à point et sa femme occupée à ravauder des vêtements.
Au bout de quelques jours, voyant ses ressources diminuer,
le musicien apporta à sa femme du fil de lin pour faire de la dentelle qu’il
irait vendre au marché. La jeune femme se mit à l’ouvrage, mais ses doigts
étaient si malhabiles qu’elle emmêla ses fils et ne parvint pas au résultat
souhaité. La dentelle était invendable.
Son époux, lorsqu’il rentra, fut très mécontent. Il regretta
d’avoir épousé une bonne à rien et s’en plaignit tout haut. La jeune femme, en
entendant ces reproches, comprit qu’elle les méritait et sa vanité diminua.
Le lendemain, il apporta des pots de terre qu’elle devait
vendra au marché. A l’idée de rencontrer les sujets de son père, la modeste
vendeuse de poterie se sentit vivement humiliée. Elle refusa d’aller au marché,
mais son époux demeura inflexible.
Devant la grâce de la marchande, tout le monde s’arrêtait et
achetait des pots. La marchandise épuisée, la jeune femme rentrait toute
joyeuse au logis. Tout alla bien pendant quelques temps. mais un jour, comme
les chalands se pressaient autour d’elle, la marchande ne vit pas venir un
cavalier ivre, dont le cheval piétina tous ses pots et les brisa en mille
morceaux.
Devant ce désastre, elle se mit à pleurer et revint au
logis. Lorsque son mari rentra, tard dans la nuit, elle fut obligée de lui
conter ses déboires. Celui-ci lui répéta qu’elle n’était bonne à rien et que,
dès le lendemain, elle irait au château pour y servir de fille de cuisine.
Chaque matin, elle partait au travail et rapportait le soir,
pour son mari, des restes de nourriture qu’elle mettait dans des pots accrochés
à sa ceinture.
Elle vivait d’épuisantes journées, le travail était
incessant. L’on préparait alors les noces du fils aîné du roi.
Piqué de curiosité, la jeune femme se glissa dans la foule
qui admirait les préparatifs de la fête. Elle se rappela avec tristesse le
palais resplendissant du roi son père et regretta de tout son cœur son mauvais
caractère, qui la privait à présent de tant de richesses.
Pendant qu’elle était en proie à ces sombres réflexions, le
fils du roi vit examiner la salle des fêtes, et elle reconnut en lui le roi
Corbin. En apercevant la jeune femme vêtue de haillons, celui-ci se fraya un
passage dans la foule et la saisit par l’épaule. Prise de peur, elle voulut se
dégager et fit avec ses bras de larges mouvements. Mal lui en prit, car les
pots contenant la nourriture de son mari s’échappèrent de sa ceinture et roulèrent
sur le sol, au grand amusement de la société. Mais le roi, voyant la désolation
se peindre sur les traits de la jeune femme, imposa à tous le silence. Elle
voulut fuir et fut retenue dans son élan
par le roi qui l’entraîna dans un coin de la salle en lui disant :
-N’aie pas peur de moi. Ton fol orgueil m’a tant blessé que
j’ai résolu de te punir, mais je n’ai pu me résoudre à me séparer de toi. Le joueur
de luth que tu as épousé n’est autre que moi. C’est moi qui ai cassé tous tes
pots à la foire. A présent ton orgueil est vaincu et tu me vois de nouveau prosterné
à tes genoux, car je t’aime et veux célébrer ce soir nos noces.
La pauvre fille de cuisine ne pouvait en croire ses yeux. Non
plus que tous les serviteurs groupés le long du mur. Elle tomba en pleurant
dans les bras du roi Corbin et jura qu’elle était guérie à jamais de sa sotte
vanité. On la conduisit à l’appartement royal où elle revêtit une somptueuse
robe bleu de nuit tissée d’étoiles d’or.
Et le roi posa lui-même sur sa tête adorable les trois
étoiles étincelantes d’un diadème orné de diamants. Puis il la conduisit à
travers une haie de laquais, vers la salle des fêtes où tous les rois du voisinage
étaient réunis pour l’admirer et se réjouir de son bonheur.
Les noces durèrent trois jours et trois nuits. La princesse
eut un mot aimable pour tous les princes qu’elle avait jadis offensés et,
lorsqu’on se sépara, tout le monde ne cessait de chanter les louanges du roi
Corbin
c'est formidable
RépondreSupprimermais je veux le resume s'il te plait
RépondreSupprimerplz
RépondreSupprimerhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssppppppppppppppppppppppppppppppppppppppppppppppppppppppppppppllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
RépondreSupprimerzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz
J'ai été bercé par les contes de Grimm toute mon enfance..
RépondreSupprimerEt bien 60 piges plus tard, j' adore toujours autant les contes..
Je trouve ça plus sympa que les jeux vidéos....
Bon, ok. Je suis un peu has been...