La Reine des Abeilles
Adapté du conte de Grimm
A partir de 3 ans
Ce conte intitulé par les folkloristes les Animaux reconnaissants est surtout répandu en Europe et en Asie. Dès le XIVe siècle, il apparaît dans un recueil de contes perses
Il y avait une fois trois fils de roi. Un jour, les deux aînés s'en allèrent chercher l’aventure mais ils firent tant de bêtises qu'ils n’osèrent pas revenir chez leur père. Leur frère cadet, qu'on appelait le petit nigaud, se mit à leur recherche. Mais, quand il les eut retrouvés, ils se moquèrent de lui, en disant :
-Nous sommes plus malins que toi et nous n’avons rien fait de bon. Et toi, pauvre naïf, tu crois pouvoir te débrouiller dans un monde si difficile
Ils se mirent en route tous les trois et en chemin, ils rencontrèrent une fourmilière.
-Oh oui ! dit le second. Ce sera amusant de voir les fourmis courir de tous côtés en emportant leurs œufs.
Mais le petit nigaud leur dit : « Laissez en paix ces animaux, je ne souffrirai pas qu'on les trouble. »
Plus loin ils trouvèrent un lac sur lequel nageaient des canards.
-Oui, dit le second, nous les ferons rôtir.
Non, dit le jeune laissez en paix ces animaux ; je ne souffrirai pas qu'on les tue.»
Plus loin encore ils aperçurent dans un arbre un nid d'abeilles, si plein de miel qu'il en coulait tout le long du tronc.
-Il faut allumer un feu au pied de l’arbre, dit le second ; les abeilles s’en iront et nous prendrons le miel.
Non, dit le petit nigaud, laissez ces animaux en paix ; je ne souffrirai pas que vous les brûliez.
Enfin les trois frères arrivèrent dans un château dont les écuries étaient pleines de chevaux changés en pierre; on n'y voyait personne. Ils traversèrent toutes les salles sans voir personne et parvinrent à la fin devant une porte fermée par trois serrures. Au milieu de la porte il y avait une petite fenêtre par laquelle on apercevait un appartement. Ils y virent un petit homme à cheveux gris, assis devant une table. Ils l'appelèrent une fois, deux fois, sans qu'il parût entendre; à la troisième, il se leva, ouvrit la porte et sortit au-devant d'eux ; puis sans prononcer une parole, il les conduisit à une table richement servie, et, quand ils eurent bu et mangé, il les mena chacun dans une chambre à coucher séparée.
Le lendemain matin, le petit vieillard vint chercher l’aîné des frères, et le conduisit devant une table de pierre. Là étaient écrites trois épreuves dont il fallait venir à bout pour désenchanter le château. La première était de chercher dans la mousse, au milieu des bois, les mille perles de la princesse, qu'on y avait semées ; et, si le chercheur ne les avait pas trouvées toutes avant le coucher du soleil, sans qu'il en manquât une seule, il serait changé en pierre.
L'aîné passa tout le jour à chercher les perles ; mais, quand arriva le soir, il n'en avait pas trouvé plus de cent, et il fut changé en pierre, comme il était écrit sur la table. Le lendemain, le second frère entreprit l'aventure; mais il ne réussit pas mieux que son aîné : il ne trouva que deux cents perles, et il fut changé en pierre.
Enfin vint le tour du petit nigaud.
Il chercha les perles dans la mousse. Mais comme c'était bien difficile et bien long, il s'assit sur une pierre et se mit à pleurer.
Il en était là, quand la reine des fourmis à laquelle il avait sauvé la vie, arriva avec cinq mille de ses sujets, et il ne fallut qu'un instant à ces petits animaux pour trouver toutes les perles et les réunir en un seul tas aux pieds du garçon. Il n’en manquait pas une !
La seconde épreuve consistait à repêcher la clef de la chambre à coucher de la princesse, qui était tombée au fond du lac.
Quand le jeune prince approcha de l’eau, les canards qu'il avait sauvés vinrent à sa rencontre, plongèrent au fond de l'eau et en rapportèrent une clef. C’était bien la clef de la chambre de la princesse !
Mais la troisième épreuve était la plus difficile : trois princesses étaient endormies et il fallait reconnaître la plus jeune et la plus aimable d'entre les trois princesses. Elles se ressemblaient parfaitement, et la seule chose qui les distinguât était qu'avant de s'endormir, l'aînée avait mangé un morceau de sucre, tandis que la seconde avait bu une gorgée de sirop, et que la plus jeune avait pris une cuillerée de miel.
Le garçon ne savait pas laquelle désigner quand la reine des abeilles que le jeune homme avait sauvées du feu vint à son secours: elle alla flairer la bouche des trois princesses, et resta posée sur les lèvres de celle qui avait mangé du miel : le prince la reconnut ainsi.
Il s’approcha d’elle et elle s’éveilla. Alors, l'enchantement étant détruit, le château fut tiré de son sommeil magique, et tous ceux qui étaient changés en pierres reprirent la forme humaine.
Celui que l’on appelait « le petit nigaud » épousa la plus jeune et la plus aimable des princesses, et il fut roi après la mort de son père. Quant à ses deux frères, ils épousèrent les deux autres sœurs.
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